PLESSIER + AMERICA = MITOLOGIA PERSONAL
La primera visión de América la hacen los viajeros. Al principio soldados de la conquista y frailes escriben sus impresiones. Luego vienen los que dijuban sin viajar, lo que miticamente se imaginan y más tarde los que viajan pero ven a través de los que antes imaginaron. Así los nativos son azules y de cabeza cuadrada pero también son rojos y de cabeza redonda. Para algunos estan cubiertos de pelos, tienen una fuerza extraordinaria y una gran vitalidad sexual y se devoran unos a otros y ! horror ! no tienen sentido de la propiedad privada. Así en América existían hombres con cola, pájaros-niños, gigantes patagones, hombres orejudos y otros con el rostro en el pecho. A partir de Humboldt el testimonio mítico ( que tiene que ver más con la Edad Media que con el Nuevo Mundo ) deja lugar al testimonio artístico-cientifico. Así en el siglo XIX viajaron al Río de la Plata por ejemplo tres franceses d'Hastrel, Montvoisin y Pellegrini y un cuarto nacido en Brazil, Palliere, quienes pintaron paisajes, costumbres y personajes.
Luego comenzó a suceder lo contrario, los que viajaban eran los pintores latinoamericanos a formarse en Europa. Así como los europeos iban a América buscando la imagen mítica de la cultura occidental.
En 1973, un siglo y medio después que los viajeros franceses mencionados, llega a la Argentina otro francés, CLAUDE PLESSIER. Invirtiendo el proceso de los jovenes que van a Europa a "cargar las pilas", él las cargó viajando a América del Sur. Vivió en Buenos Aires, las ciudad mas europeizada de todas las latinoamericanas y se contactó con pintores argentinos, algunos de los cuales le aportaron perspectivas nuevas. De regreso a París, comenzó a decantar no solo su proprio proceso sino, que, también más allá de su voluntad, hizo sintesis de las visiones de América de sus antecesores. Subjectividad y objetividad, mito y experienca pictórica se funden en su obra.
Como si el Buenos Aires "a la europea" no lo hubiese engañado se llevó con sigo, una visión esencial de América que corresponde en lo pictórico a la literaria de Garcia Marquez : catarata de imágenes donde lo fantástico y lo cotidiano se identifican en el lenguaje (en un cierto sentido se puede decir que América es un pretexto para el mundo mítico personal de PLESSIER). En su caso el lenguaje es esencialmente el pictórico, sublimando la imagen a traves del color a un punto de saturación, y, al mismo tiempo, de refinamiento salvaje verdaderamente notable.
Su pintura y su imagen fluyen de manera totalmente natural superando la frontera de la anécdota americana. PLESSIER es un pintor de hoy dia pero que no se pierde en el grito individualista como los nuevos expresionistas sino que vierte su cosmovisión latinoamericana, sin dejar de ser fundamentalmente un francés. Su pintura tan de hoy come ahistórica, tan espontánea como de impecable lenguaje plástico nos brinda una imagen donde los contenidos desaparecen en la elocuencia pictórica. Y es allí donde esta él mismo.
Luis Felipe Noe
Paris 1985 P+A=Mito franc.
La première "vision" de l'Amérique nous est transmise par les voyageurs-soldats de la conquète, missionnaires qui, les premiers, ont noté leurs impressions ("relations").
Une seconde vision nous est donnée par ceux (dessinateurs, graveurs) qui, depuis l'Europe, ont essayé d'imaginer le nouveau continent, vision fantaisiste qui est celle des voyageurs jusqu'au 18 ème siècle. Ainsi, pour certains, les autochtones ont la peau bleue et la tête carrée, à moins qu'ils n'aient la peau rouge et la tête ronde ! Pour d'autres, les naturels sont couverts de poils, ont une force extraordinaire, ainsi qu'une grande vitalité sexuelle; en outre ils s'entre-dévorent et n'ont...horreur...aucun sens de la propriété ! Ainsi, en Amérique, il y a des oiseaux nains, de gigantesques Patagons, des hommes affublés d'une queue, d'autres pourvus d'immenses oreilles, et certains ont le visage au milieu de la poitrine...
Après Humboldt, le témoignage "mythique" (plus en rapport avec le moyen-âge qu'avec le Nouveau Monde) laisse place au témoignage "artistico-scientifique". Au début du 19 ème par exemple, quatre français - d'Hastrel, Montvoisin, Pellegrini et Pallière (ce dernier né au Brésil) - ont voyagé dans le Rio de la Plata, et nous ont décrit dans leurs peintures, les paysages, les coutumes et les hommes.
Plus tard, en un mouvement contraire, les peintres latino-américains voyageront vers l'Europe, afin d'y recevoir une formation. Ainsi, de même que les Européens allaient en Amérique chercher une image mythique du "sauvage", les fils du nouveau continent venaient chercher dans la vieille Europe l'image pour eux mythique de la culture occidentale.
En 1973, un siècle et demi après les français d'Hastrel, Montvoisin, etc... arrive en Argentine un autre français : CLAUDE PLESSIER. Inversant le processus suivant lequel les jeunes argentins viennent en Europe "charger leurs batteries", c'est dans un voyage en Amérique du Sud qu'il alimente les siennes. Il vit à Buenos-Aires, la plus européenne des villes latino-américaines, et entre en contact avec les peintres argentins : certains d'entre eux lui laissant entrevoir de nouvelles perspectives.
De retour à Paris, il commence non seulement à décanter son propre processus de création, ses impressions de voyage, mais aussi, au delà de sa volonté, à réaliser une synthèse à partir de la vision de ses prédécesseurs : subjectivité, objectivité, mythe, expérience picturale fusionnent dans son oeuvre. (En un certain sens on peut dire que l'Amérique est un prétexte à la mythologie personnelle de PLESSIER).
Le Buenos-Aires européanisé ne l'a pas induit en erreur et c'est une vision essentielle de l'Amérique-Latine qu'il transporte, correspondant, dans le domaine de l'expression picturale, à celle en littérature de Gabriel Garcia Marquez : langage bariolé, cataracte d'images où le fantastique et le quotidien se mêlent.
Chez Claude Plessier le langage est essentiellement pictural, sublimant l'image par la couleur jusqu'à un point de saturation, et en même temps, de raffinement sauvage véritablement remarquables. Sa peinture, son image "coulent de source", évitant l'écueil de la seule anecdote américaine.
PLESSIER est un peintre d'aujourd'hui qui ne se perd pas dans le cri individualiste, comme le font les nouveaux expressionnistes. Il nous donne une vision à la fois personnelle et cosmique de la latino-américanité, sans laisser cependant d'être fondamentalement français.
Sa peinture, aussi contemporaine qu'intemporelle, aussi spontanée que traduite en un langage plastique parfait nous livre une image où le contenu littéraire fait place à l'éloquence picturale. Cette éloquence là est son vrai domaine.
Luis Felipe Noe
Paris 1985
Traduction Claude Plessier P+A= PERS. MYTHO
The first "views" we have of Latin America were conveyed to us by travellers - the conquering soldiers and missionaries - who were the first to write down their impressions (their "relations").
We have a second vision through graphic artists and engravers who, from Europe, tried to imagine the new continent: a fantasist vision which was that of travellers up to the 18 th century. So, for some people, the inhabitants had blue skin and square heads, unless they had red skin and round heads! For others the natives were covered with hair, possessed incredible strength as well as great sexual vitality; furthermore they devoured each other and... how shocking... had no sense of ownership!
So, in Latin America, there were midget birds and giant Patagonians, men wearing tails, others with enormous ears ans some had faces in the middle of their chests...
After Humboldt, the "mythical" observations (more in relation to the Mediaeval times than to the new world) gave way to "artistic-scientific" observations. For example, at the beginning of the 19 th century, four Frenchmen: d'Hastrel, Montvoisin, Pellegrini and Pallière (the last-named born in Brazil), travelled throughout the Rio de la Plata and gave us descriptions of the landscapes, customs and people.
Later, Latin American artists travelled in the opposite direction, to Europe, in order to receive further education. In this way, just as Europeans went to South America to search for a "mythical" image of the "savage", so the descendants of the new continent came to old Europe to look for the ideal image of Western culture.
In 1973, a century and a half after the four Frenchmen already mentioned, another Frenchman, CLAUDE PLESSIER, arrived in Argentina. Reversing the process whereby young Argentinians come to Europe to "charge their batteries", it was in travelling through Latin-America that he added fresh power to this own. He lived in Buenos-Aires - the most European of Latin-American towns - and came into contact with Argentinian painters, some of whom enabled him to glimpse new perspectives. Returning to Paris in 1977 he began not only to clarify his own creative processes, his travel impressions, but also, independently of his will, to achieve a synthesis from the visions of his predecessors: subjectivity, objectivity, myth and pictorial experience amalgamated in his work.
Europeanized Buenos-Aires did not mislead him, for it is a fundamental vision of Latin America which he carries within himself, corresponding, in the sphere of pictorial expression, to the writings of Gabriel Garcia Marquez; (in some ways, it can be said that South America is a pretext for PLESSIER's personal mythology): a kaleidoscope of images in which the fantastic and daily life blend completely.
His language is pre-eminently pictorial, sublimating the image through colour to the fullest possible extent, and at the same time, with outstanding wildly expressive refinement. His paintings, his images, flow naturally, avoiding the danger of being reduced simply to Latin American anecdotes.
PLESSIER is a painter of the present-day. He doesn't lose himself in the indivdualistic proclamations as the New Expressionists tend to, but, on the contrary, offers us both a personal and cosmic vision of South American feeling, without ceasing however to be fundamentally French.
His painting, just as contemporary as timeless, just as spontaneous as translated into a perfect plastic language, expresses images in which literary content is replaced by pictorial eloquence. This particular eloquence is his veritable field of action.
Luis Felipe Noe
Paris 1985
Traduction David Giles
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